Pourquoi le Québec "bashing"?
En deux mots : parce que nous sommes Blancs et que nous parlons français.
Et même pas le bon français ! Ce que nos contempteurs vont aussi nous reprocher. Évidemment, si nous parlions le français de France, ils nous
détesteraient tout autant. Il en faut peu aux États-Unis pour que les Américains se laissent aller à leur détestation de la France ( en parallèle avec un certain respect), allant même jusqu'à boycotter les "french fries".
Quand il existe une différence, la plus minime des différences, celle-ci sera une source de conflits et même de guerres.
C'est vieux comme le monde. Peut-être même est-ce universel?
Par exemple, qu'est-ce qui différencie les Hutus et les Tutsis et qui a mené à ces tueries génocidaires?
On le cherche encore.
Tout le monde déteste tout le monde. La civilisation essaie de contenir la chose.
Pour revenir au cas du Québec, ne vous faites plus d'illusions. Cessez de vous émouvoir! Pourquoi voulez-vous que le Canada anglais aime le Québec? Le Canada ne l'a jamais fait et tout sera un prétexte pour alimenter cette haine plus ou moins contenue.
La Nouvelle-France a été conquise: le reste en découle. Le Québec devait rester à sa place : inférieure.
Sautons quelques siècles...
Dans les années soixante, Le Canada n'a pas encaissé le désir des Québécois de vouloir l'indépendance.
What Quebec wants? répétait-il.
Victoire du PQ en 1976 et insulte suprême à la langue des maîtres : la loi 101.
Plus tard, la crise d'Oka leur a donné une autre raison de nous détester. D'ailleurs, depuis cet épisode, la cause des Amérindiens n'a jamais autant
rencontré de sympathie au Canada anglais. (Mais qu'attendaient-ils pour s'occuper de leurs bons "Indiens"?)
Notre ambiguïté compose le parfait mélange pour permettre aux autres d'exprimer les sentiments les moins avoués chez l'être humain : majoritairement Blancs, une minorité mais qui est aussi une majorité.
Donc, nous détester ce n'est pas comme si on cassait du sucre sur le dos des Noirs, ou des Juifs, ou des Arabes ; victimes, pendant un temps, quand nous étions la minorité francophone conquise, nous sommes devenus bourreaux des minorités au fur et à mesure que nous prenions le contrôle de notre destin.
Et, surtout, il y a cette langue. Comment peut-on ne pas parler anglais? Speak White ! La langue des civilisés, des aristocrates. Cet étrange sentiment, que l'on devine chez certains anglophones, que quelque chose ne va pas avec quelqu'un qui parle une autre langue : peut-être que ces primitifs sont moins intelligents?
De notre côté, paradoxalement, plus l'indépendance s'éloigne, plus les Québécois deviennent sensibles et susceptibles. Trop.
Un Français qui n'aime pas leur accent et les voilà montés sur leurs grands chevaux! C'est la réaction de personnes qui ne sont pas sûrs d'elles-mêmes et qui cherchent l'approbation.
Jouer à la victime n'est pas la bonne stratégie.
Quand on sait qui on est, on ne cherche pas l'amour inconditionnel des autres. On apprécie d'être aimés, d'être appréciés; sinon, cela ne change pas notre estime de soi.
Et puis la liberté d'expression existe aussi pour nos ennemis. Savoir à qui on a affaire est une bonne chose. Il faut préférer un franc adversaire à un
hypocrite flatteur.
Enfin, tout n'est pas du Québec "bashing". On peut commenter sur le Québec, sur ses défauts, sur ses qualités. Après tout, on le fait nous-mêmes.
L'essayiste, Jean Larose, n'est pas complaisant avec ce qu'est devenu le Québec.
"Le Québec n'existe pas", telle est le titre d'un roman qui fait un bilan mitigé de l'expérience québécoise. De la même façon, Éric Zemmour écrit sur la
"Mélancolie française" et sur le "Suicide..." de la société française.
Tout ça pour écrire que le tollé concernant l'article d'Andrew Potter dans le magazine Maclean's m'a semblé exagéré. Il soulevait quelques bons points
sur l'éclatement sociétal de la société québécoise post-référendums...
La détestation du Québec ne va pas cesser... comme la détestation des Américains, des Cubains, des Français.
Il n'y a pas d'amour sans haine. Y a-t-il de la haine sans amour?