(J'imagine un Québec où les souverainistes auraient perdu tout espoir de créer un pays sur le territoire actuel du Québec. Dans la conjecture actuelle, est-ce vraiment plus utopique de concevoir une création "ex-territorial"?)
Tout se délitait, Tout éclatait. Tout foutait le camp. Il n'y avait plus de centre pour tenir ce non-pays. Les citoyens s'identifiaient à ce qui leur semblait le plus immédiat : la famille, la race, la religion, le dépanneur, le club de hockey Canadien, le quartier, la ville.
Les Québécois étaient toujours les plus pauvres du Canada, des citoyens de troisième catégorie, les dindons de la farce canadienne.
Qui étaient-ils au fond? Juste des immigrants de la première heure qui avaient volé la terre sacrée des Autochtones, leur disaient les immigrants et les réfugiés qui venaient de descendre de l'avion. De plus, ils n'avaient ni plus ni moins de droits que les immigrants et les réfugiés... qui venaient de descendre de l'avion... plutôt moins en fait parce qu'ils ne demandaient pas de prier pendant le travail. Le vote massif des minorités pour les fédérastes les neutralisait politiquement. Les minorités ethniques avait le pouvoir comme dans les dictatures.
Justement, après la victoire attendue des libérastes fédérastes en 2018, les souverainistes déçus se demandaient que faire de leur espoir de vivre un jour dans le pays Québec?
Souverainistes québécois, éternels perdants ; l'Êtres Québécois : pire qu'être Juifs (quand ils étaient ostracisés dans les sociétés où ils vivaient), non pas, bien sûr, dans le sens qu'ils auraient connu les pogroms, les camps de la mort, même s'ils avaient connu leur lot d'événements historiques déconstructeurs; mais dans le sens de peuple qui disparaissait dans l'indifférence quasi générale et sans alliés.
Nous, souverainistes, envions l'État des Hébreux, même s'ils le payaient cher (mur, militaires, attentats).
Nous ne pouvions faire notre alya. Il n'y avait pas de seconde maison pour nous, Québécois. Nous n'avons pas la double nationalité comme tous ces immigrants que les fédérastes chérissaient.
Notre seul maison était le Québec.
Toute révolte eut été inutile. La singularité du projet souverainiste québécois était d'être restée dans un cadre démocratique. On ne libérerait pas une majorité contre son gré.
Montréal, ville sanctuaire du vivre-ensemble (ironie), était devenue un territoire bilingue d'immigrants, la population ayant été remplacée à coup de cinquante mille par an à laquelle s'ajoutait de nombreux réfugiés venus d'on ne sait où; et la ville de Québec, ville qu'on jugeait trop "blanche",
prenait le même chemin.
La secte des auditeurs des radios de Québec étaient trop occupés à avancer son projet de nouveaux convertis de la droite, libertarien, la dernière version américaine d'un projet politique pour nos colonisés, nos émules d'Elvis Gratton, trop occupés donc pour comprendre que même la ville de Québec allait subir le même destin que Montréal.
Leur aversion pour le Québec s'exprimait par le rejet du PQ, du nationalisme.
André et Jeff, faux jumeaux d'antenne, vraies grandes gueules narcissiques, allaient régner longtemps sur ce village endormi.
Ces Québécois de souche étaient encore plus à blâmer que les habitants de Montréal pour le dénigrement inconscient d'eux-mêmes et de leur Histoire, leur absence de gratitude envers leurs ancêtres et leur manque de solidarité avec leurs compatriotes.
Que resterait-il de nous dans vingt ans, dans cinquante ans?
À force de reculer pour mieux sauter, l’obstacle s'était métamorphosé en montagne , et nous avions rebroussé chemin sans reconnaître la direction qui nous avait menés ici.
Les choses avaient mal commencé de finir quand les Yvettes avaient voté en 1980 contre la souveraineté, dans le dos de leurs hommes.
Puis la Constitution de 1982, le multiculturalisme, ses politiques illimitées favorisant l'immigration, son projet post-national, ses cinquante Nations tribales. Date marquante du début de la fin quand a été créé, un fait accompli comme aurait pu dire de Gaulle, la terre sacrée de la crise d'Oka. Une
zone de non-droit qui signifiait que le territoire québécois ne nous appartenait plus tout à fait.
Le Liban deux point zéro se poursuivait. Nous ne l'avions pas réalisé à l'époque.
Depuis, les Innus revendiquaient l'Île d'Anticosti. La Cour Suprême pencherait probablement en leur faveur.
Développer quoi que ce soit qui impliquait le territoire semblait une tâche ardue. Il fallait parlementer, entre écolos, gauchos et citoyens de tous côtés, une paix des Braves qui était en réalité la soumission des pleutres.
Par conséquent, nous avions choisi un autre territoire (l'île d'Anticosti aurait été l'idéal) pour abriter ce qui restait de la nationalité québécoise, patrimoine génético-historique qui en valait bien un autre.
Nous avons donc acheté cette île avec les parts du million de souverainistes qui ont donné cent dollars chaque année pendant cinq ans, puis une partie de riches donateurs souverainistes ont gonflé les fonts baptismaux (dont le fameux PKP).
C'est ainsi qu'est née l'Île du Québec en 2023!
Une île vierge et ensoleillée pour reprendre la route abruptement interrompue en 1980.
Les actionnaires ont obtenu la double nationalité et ils font le va-et-vient, le temps de parachever le projet sioniste québécois.
Quand les Québécois de l'île retournent à Montréal, ils ont peur. Ils se sentent des étrangers dans l'ancienne ville francophone. Ils constatent sans surprise que le maire joue toujours le rôle de "french pea soup" de service, comme le premier ministre qui fait croire à l'unité du Québec et que "nous
sommes tous des Québécois".
Ici, le tourisme est florissant. La construction des premières habitations ont donné du travail à beaucoup de Québécois et de Québécoises.
Qui sait, un jour nous nous ennuierons de nos hivers...
Mais pour l'instant tout va bien.
La direction est commune. Les Québécois votant par ordinateur sur les grandes orientations. Il n'y a pas encore de Constitution, ni de palabres à ne plus finir sur une "Constituante".
Immigration : interdite sauf pour les mariages.
Politique nataliste: trois enfants pour toucher le gros lot des allocations.
Religion : islam interdit. Pratique privée pour les autres religions.
Écologie : oui, mais sans idéologie.
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