Comme je remontais la rue Sainte-Catherine impassible
Je ne me sentis plus guidé par le Théâtre du Nouveau Monde
Cette église de l'autre côté de la rue était fermée et en réparation
Sans doute était-elle désertée le plus souvent
Même en ce 23 décembre
Personne n'allait la faire chanter le 24 au soir
Là c'était la soupe populaire où on servait les nouveaux sans-abris
Des autochtones à moitié-ivres, des Africains, négritude perdue dans la grande ville, des difformes, des drogués, quelques de-souches en minorité
Puis j'aboutis au complexe Desjardins pour manger un club-sandwich
Un quêteur vint me quémander un morceau avant que la sécurité le fasse sortir
Puis j'allai où on présentait un spectacle de Noël
Il y avait quelques voilées qui devaient trouver cela très exotique
Dans leur pays, elles seraient lapidées
Il y avait des Asiatiques, toujours laborieux
Ce n'était pas les plus brillants de l'Asie : Corée du Sud, Chine...
Ce sont nous, les Occidentaux, qui deviendront leurs Chintoks
Voyageurs improbables en Thaïlande, éternels étrangers, éternels errants
C'est mieux ailleurs, comme la fille du personnage principal de Jésus de Montréal
Elle voyage, elle personnifie le Québec ouvert sur le monde
Tellement ouvert que sa maison n'a plus de portes, n'a plus de fenêtres
Tout le monde entre et dans quelques années il n'y aura plus rien à piller
Mais notre belle Québécoise voyage et le monde est si merveilleux, les autres cultures qui ont conservé un peu d'authenticité
Parce que pendant que nous célébrons la différence, d'autres sont restés eux-mêmes, ils ont encore un pays une culture, qu'ils visitent quelques mois par année en vivant des programmes sociaux que les stupides Québécois donnent à tous, solidaires jusqu'à la folie, Québec solidaires, man ! Bonjour, Hi ! Servez-vous ! Mi casa es tu casa !
Comme je remontais la rue Sainte-Catherine impassible
Je réalisai que le coeur du Québec n'était plus à Montréal
Le coeur du Québec s'est envolé vers Québec, mais il est devenu un fantôme et bientôt il quittera aussi ce monde, il ne sera plus nourri par la sève de ses défricheurs, de ses bâtisseurs, nos ancêtres, que nous n'avons pas su honorer, dont nous n'avons pas su faire fructifier le patrimoine.
Peuple con et bête qui sera relégué aux oubliettes de l'Histoire.
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