Vous pouvez essayer de l'oublier. Vous pouvez voyager jusqu'au bout du monde. Vous pouvez croire que vous êtes des Américains du Nord. Vous pouvez adopter l'accent français en France. Vous pouvez êtes fiers de parler l'anglais sans accent au Manitoba.
C'est possible de vous assimiler. C'est plus facile en Amérique du Nord en devenant un anglophone.
Mais dans presque tous les cas, vous n'échapperez pas à votre québécitude.
Brunot Blanchet en Thaïlande sera toujours Brunot Blanchet.
Céline Dion aux États-Unis est toujours Céline Dion, c'est-à-dire pour les Américains, une personne de race inférieure puisqu'elle est française.
En 2002, je suis à Buenos Aires où la population est multi-ethnique mais en majorité de descendances italienne et espagnole : un petit garçon qui perçoit ma différence (je ne sais comment) est amusé par ma singularité morphologique (plus blanc? moins latin?).
Je suis aussi de descendance européenne, mais un Blanc du Nord, un Nordique.
Peut-être que vous, vous l'oubliez, mais les autres peuples ne l'oublient jamais.
Et, de plus en plus, cette identité devient et deviendra problématique.
Nous sommes déjà une minorité dans le monde.
Nous pouvons voyager et nous sentir en sécurité dans plusieurs pays, mais même dans les pays occidentaux, il y a un potentiel de dangerosité, surtout dans certains quartiers.
En 2003, je marche rue Sainte-Catherine et une personne Noire francophone accompagnée d'une amie me demande un renseignement, mais, comme je ne suis pas Montréalais, je ne peux pas lui répondre. Il pense que je le snobe et commence à s'énerver, son amie le calme comme elle peut.
Une autre fois, quelques années plus tard, je marche dans le quartier Ahuntsic, pas très loin de la "Republik de Montréal-Nord", et je croise un type sur le trottoir qui me regarde avec l'air de vouloir me défoncer le crâne. J'aurais dit une banalité et il me fonçait dessus.
Oui, le Québec est ma seule maison.
Mais le territoire se rétrécie.
Les francophones sont minoritaires à Montréal. Sans doute aussi à Laval.
Certains quartiers de Québec sont envahis par l'immigration. Les quartiers où on vote Cul-S (QS), comme par hasard.
Mais le Québec est ma seule maison.
C'est aussi le seul endroit où il est possible de créer une nation française.
Est-ce que j'ai encore le droit de vivre chez moi?
On me dit que je suis un colonisateur, que mes ancêtres ont volé la terre aux Amérindiens.
Il faudrait que je sois un serf docile et que je paie une rente victimaire jusqu'à la fin des temps à ces nouveaux seigneurs.
Très bien, nous allons diviser le territoire et s'il ne reste qu'une mince bande de Gaza où les parias Québécois pourront habiter, je m'en contenterai parce que "Le Québec est ma seule maison!"
Vive le Québec... Vive le Québec libre !
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